En effet, un moment déchirant, inoubliable. Des mots de feu Thierry Gilardi qui résonnent en nos esprits, à cette image de Zinedine Zidane quittant le terrain, tête basse, le trophée suprême se refusant à lui. Le coup de tête du célèbre numéro 10 tricolore sur Marco Materazzi, lors de la finale de la Coupe du monde 2006 qui a sacré l’Italie, est un instant gravé dans l’histoire du sport français. Un instant que « Zizou » évoque dans un entretien diffusé ce dimanche sur TF1.
« Je ne suis pas fier de ce que j’ai fait, mais ça fait partie de mon parcours », estime-t-il en cherchant ses mots : « Je dirais que, même dans la vie d’une personne… on ne fait pas tout parfaitement. J’ai vécu des moments compliqués, celui-ci en fait partie, mais il y en a d’autres qui sont plus joyeux. » Zidane a craqué alors que la tension tutoyait son paroxysme. Le contraste est total avec le geste d’une décontraction absolue qui avait lancé sa finale sur des bases idéales.
La « Panenka » ? « Il fallait inventer quelque chose »
Cette « Panenka » face à Gianluigi Buffon, ce ballon qui a ricoché sur la barre avant de franchir la ligne, était-ce l’illustration de sa technique, d’un grain de folie, des deux ? « De la technique, c’est sûr, d’un grain de folie, je ne pense pas, répond « ZZ ». Je pense que c’est ce que je dois faire, à ce moment-là, que je rate ou non. » La pression est encore à des années-lumière de le submerger, au cœur du stade olympique de Berlin.« L’échec ? Je n’y pense pas, assure-t-il. Je me dis qu’on est à la 7e ou 8e minute et qu’il reste du temps. J’ai quelques secondes pour choisir mon geste et c’est le geste que je choisis. » Pourquoi, et comment, faire preuve d’une telle audace, qui plus est face à Buffon ? Parce que c’est lui, justement. « J’avais un gardien en face qui me connaissait parfaitement et donc il fallait inventer quelque chose« , explique Zidane dans un sourire ému.
Lizarazu : « J’aurais aimé être là pour l’aider «
La suite est un désenchantement à la hauteur de ce gracieux prologue. Marco Materazzi, décidément décisif, a permis aux Italiens de recoller et les deux équipes vont en prolongation. Le temps tourne, la fin de la rencontre approche à grands pas et la fin de la carrière de Zidane avec elle. « Il était dans un état émotionnel extrême, parce que c’était son dernier match, après ça, il allait arrêter le foot« , témoigne Bixente Lizarazu, dans ce sujet de Téléfoot.« Je pense que plein de choses se sont bouleversées dans sa tête, plus le fait d’être agressé verbalement par son adversaire, poursuit son ancien compère de l’équipe de France et des Girondins de Bordeaux. J’aurais aimé être sur le terrain pour que cela n’arrive pas. » L’ancien latéral gauche du Bayern Munich a pris sa retraite internationale en 2004 et, lui, n’en est pas sorti. « J’aurais aimé être là pour l’aider », regrette-t-il, précisant que « cela ne change rien à sa légende« .« Oui, je pense que Bixente, c’est le seul qui aurait pu me contenir, acquiesce Zinedine Zidane, à l’évocation des paroles de Lizarazu. Il aurait été important ce soir-là. » Le double buteur de la finale du Mondial 1998 (de la tête, déjà) préfère philosopher quant au titre qui a échappé aux Bleus huit ans plus tard, aux tirs au but : « De toute façon, on ne peut pas refaire le passé« . Puis il conclut, dans un rire nerveux : « J’aurais aimé que Bixente, à ce moment-là, soit à mes côtés.«