Comme les nombreux milliardaires russes de Londres (rebaptisé Londongrad), Roman Abramovich a été sanctionné par les autorités britanniques après l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe. Le futur ex-propriétaire de Chelsea est-il si proche que ça de Vladimir Poutine ?
Après la déclaration de la guerre de la Russie à l’Ukraine, les autorités britanniques n’ont pas hésité à sanctionner tous les milliardaires russes de Londres, dont le désormais ex-propriétaire de Chelsea, Roman Abramovich, qui a été ainsi contraint de vendre son petit jouet, lui qui a permis aux Blues de remporter 5 Premier League et 2 Ligues des champions.
Abramovich est-il si proche que ça de Vladimir Poutine ? Il l’a clairement été. Cet orphelin, d’une famille juive venue de Lituanie et d’Ukraine, est parti de rien pour devenir un businessman redoutable grâce à un premier mentor. Mais Abramovich va surtout faire partie des oligarques 2.0 « créés » par Poutine à son accession au trône en 2000.
WeLoSport, revient sur l’incroyable parcours du multimilliardaire Roman Abramovich, pour comprendre notamment pourquoi il est désormais l’un des médiateurs choisis par les deux camps du conflit russo-ukrainien.
Roman Abramovich, celui qui a fait passer Chelsea dans une nouvelle dimension
Chelsea restera toujours bleue mais Chelsea tourne la glorieuse page de son histoire. La page écrite par son propriétaire russe Roman Abramovich. C’est en 2003 que le jeune milliardaire russe a racheté Chelsea. Ça fait passé bien évidemment Chelsea dans une autre dimension et ça même fait transformer la premier League devenu seulement accessible à des multimilliardaires. En 19 ans, Chelsea a été sacré Champion en Angleterre à 5 reprises et a remporté 2 Ligues des Champions. Mais c’est donc fini pour Chelsea.
Après l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, le Royaume-Uni a gelé les actifs des nombreux hommes d’affaires russes installés en Angleterre et le monde du football s’est alors rappelé que Roman Abramovich avait des liens assez étroits avec Vladimir Poutine. Ce qui est cocasse, c’est que les autorités anglaises ont longtemps ouvert les portes en grand aux oligarques russes à partir des années 2000 en étant peu regardant sur la provenance de leur fond. Des milliards de livres ont été investis par des Russes dans l’immobilier londonien, et Londres a été rebaptisée « London Grade ». En plus de Chelsea, Roman Abramovich a plus de cinquante biens à Londres, dans son manoir de cent cinquante millions de livres, près de Kensington palace.
Son enfance
L’histoire de Roman Abramovich est assez incroyable. Il vient de nulle part et sa réussite sur la scène internationale, il la doit effectivement à Vladimir Poutine. Ce n’est pas pour rien que Roman Abramovich fait désormais partie des médiateurs choisis par les deux camps du conflit Russo-Ukrainien.
Dans cet immense pays qu’est la Russie, Roman Abramovich n’est pas né riche, loin de là. Il grandit même entant qu’orphelin. Le petit Roman a grandi dans la région Komis, au nord de la Russie, où il fait -20° C l’hivers, sans ses deux parents. Sa mère meurt quand il a 1 an et son père décède sur un chantier quand il en a 3. Le petit Roman est élevé par l’un de ses oncles. Il vient d’une famille juive. La famille de sa mère a fui l’Ukraine où elle est née, et la famille de son père a fui la Lituanie, chassée vers la Sibérie par le régime de Staline.
Roman arrête l’école à 16 ans et s’engage dans l’armée soviétique à 18 ans. C’est là qu’il se rend compte de ses talents de commerçants. Il trouve quelques combines pour gagner quelques kopecks de plus. Il part pour Moscou. Ensuite, s’il intègre l’école du pétrole et du gaz, l’un des établissements en mesure d’accueillir des jeunes d’origine juive. Mais Abramovich ne va pas devenir ingénieur pétrolier. Il arrête ses études, et se lance dans les affaires. Selon la légende, Roman investit tout l’argent donné par ses beaux-parents lors de son mariage avec sa première femme, Olga, en 1987, pour développer son entreprise de vente d’objets en plastique, notamment des poupées et des canards en plastique.
La rencontre de son mentor
L’empire de Roman Abramovich est loin d’être bâti. Roman fait ensuite le commerce des matières premières et même du pétrole. En 1992, il est arrêté pour avoir détourné un énorme convoi d’essence. Il est blanchi. À l’époque, tous les nouveaux riches sont menacés. Il rencontre surtout l’homme qui va changer sa vie, son mentor, son bienfaiteur, son protecteur, Boris Berezovsky, qui a fait fortune à la fin des années 80, en pleine perestroïka. Accessoirement, il a un proche du nom de Boris Eltsine.
La rencontre d’Eltsine puis Poutine
Boris Eltsine est le premier président de la Fédération de Russie et provoque la dissolution de l‘URSS en 1991. La Russie plonge dans l’économie de marché, les entreprises d’État sont privatisées et ce sont les proches de Boris Eltsine qui en profitent. Ils deviennent des oligarques, à savoir des riches hommes d’affaires en relation avec le pouvoir politique. C’est la définition même d’un oligarque. Berezovsky qui est tellement influant que certains le surnomment même le parrain du Kremlin (Kremlin étant est un ensemble architectural complexe, situé au sein d’une forteresse du centre de Moscou, capitale de la Russie).
Le petit prodige Abramovich a rencontré le Tout puissant Berezovsky qui est également d’origine juive. La grande aventure commence. Abramovich vend du pétrole venant de Sibérie avec le soutien de Berezovsky. En 1995, c’est le coup de force. Berezovsky et Abramovich rachète une entreprise pétrolière créée par l’État, Sibneft, lors d’une vente aux enchères jouée d’avance. Berezovsky et Abramovich payent 100 millions de dollars chacun, alors que le géant pétrolier aurait pu coûter 2,7 milliards de dollars.
A 30 ans, Abramovich est dans le cercle proche de Boris Eltsine. Sa vie va bientôt basculer, enfin, là pour de bon! Un certain Vladimir Poutine débarque aussi au Kremlin. (Poutine, cet ex-agent du KGB devenu adjoint au maire de Saint-Pétersbourg.) L’ascension est fulgurante. Boris Eltsine a nommé Vladimir Poutine chef du gouvernement en 1999 et Poutine est élu président un an plus tard.
Abramovich, l’oligarque furtif
Discret, Abramovich, il est alors surnommé l’oligarque furtif. Il renvoie une bonne image en devenant le gouverneur et le mécène d’un État abandonné à l’extrême est de la Russie. Poutine lui fait confiance. Il s’appuie sur Abramovich pour constituer son premier cabinet en tant que chef du gouvernement.
Poutine n’aime pas vraiment les oligarques. En fait, ils ont trop d’influence sur la vie en Russie. Poutine crée les Oligarques 2.0 et fait un pacte avec les oligarques qui sont avec lui. Il laisse les hommes d’affaires prospérer en Russie comme à l’étranger et les hommes d’affaires n’interfèrent pas sur sa politique. Les autres oligarques sont mis hors-jeu.
Abramovich fait partie de cette nouvelle génération d’oligarques. Ce qui n’est pas le cas de Berezovsky. Son mentor va devenir son ennemi. C’est en juin 2003 que Roman Abramovich rachète Chelsea pour 140 millions de livres. Il est alors installé à Londres. Amoureux du foot, il souhaitait une reconnaissance mondiale. L’agent israélien Pini Zahavi lui choisit Chelsea. José Mourinho est l’élu pour construire une équipe de cracks avec une enveloppe de transfert illimité. L’histoire du Chelsea d’Abramovich, vous la connaissez ! Mais ce n’est pas le sujet du jour… Retournons en Russie.
Le feu d’artifice
En 2005, c’est le feu d’artifice. Roman Abramovich qui a écarté Berezovsky revend Sibneft à Gazprom pour 13 milliards de dollars, Gazprom, le leader du gaz naturel en Russie, qui est contrôlée par le gouvernement de Poutine. C’est là que Abramovich devient la onzième fortune mondiale selon Forbes, à 18 milliards de dollars. Selon les rumeurs, Abramovich aurait reversé une partie des 13 milliards de Sibneft à l’État russe.
Abramovich se fait discret ailleurs loin de la place rouge. À Londres ou sur ses 5 yot qui sillonnent la Méditerranée, il ne fait plus partie du cercle fermé de Poutine. Mais les oligarques 2.0 sont redevables à Poutine. Abramovich participe au sportswashing imaginé par Poutine pour donner une meilleure image de la Russie. En plus de Chelsea, Abramovich a financé le CSK Moscou en 2004. Il aurait donné 5 millions de dollars à la Fédération russe pour s’attacher les services de Guus Hiddink en 2006, Hiddink qui sera ensuite entraîneur intérimaire de Chelsea.
Après l’attribution de la Coupe du monde 2018 à la Russie par la FIFA, Poutine demandera aussi Abramovich de financer la rénovation des stades, qui aurait coûté 2 milliards d’euros.
En 2011, Berezovsky chassés par Poutine attaque Abramovich devant la justice britannique. Lors de ce procès à Londres, Abramovich reconnaît avoir payé des membres du gouvernement russe pour devenir un magnat du pétrole et de l’aluminium. Il a aussi payé pour sa sécurité, il y a 20 ans. Berezovsky affirme avoir été obligée de quitter Sibneft. Il réclame 3 milliards de dommages et intérêts. Mais le juge anglais le déboute. Berezovsky se suicide un an plus tard, en 2013.
La fin de l’histoire
En 2018, alors que les relations entre la Grande Bretagne et la Russie sont tendues, Abramovich, perd son Golden Visa, il obtient un passeport israélien, en tant que petit enfant de juifs. Il peut vivre à Londres, mais sans pouvoir travailler. Le club de Chelsea et de toute manière dirigée depuis 10 ans par Marina Granovskaia, une ancienne employée de Sibneft. Abramovich a délaissé Chelsea depuis plusieurs années. L’invasion de l’Ukraine et les sanctions du Royaume-Uni, le font quitter la Premier League. Bye-bye le football anglais.
Pour ne rien rater de nos actualités, vous pouvez également visiter la page Facebook WeLoSport.