Les footballeurs brésiliens ont un point commun. Aucun d’entre eux n’est appelé par son nom de famille, comme c’est pourtant la pratique habituelle dans le football, et plus généralement dans le sport. Quelle est l’origine de cette pratique « bizarre » ?
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Ça n’a échappé à personne. Les joueurs brésiliens se font appeler par soit leur prénom, soit un diminutif, soit un surnom, soient leurs deux prénoms ou soit une combinaison d’un prénom et d’un nom. Vous allez le voir, il n’y a aucune règle, ils font ce qu’ils veulent.
Pour démarrer, il faut savoir que les Brésiliens, même quand ils ne sont pas célèbres comme les joueurs de foot, se font appeler par un surnom qu’ils ont choisi durant l’enfance. C’est une tradition dans ce pays. Tout le monde choisit un nom de scène, à l’image de l’ancien président Lula, qui est son nom officiel en public, son nom complet étant Luiz Inacio Ferreira da Silva.
Une tradition née de l’époque coloniale
Cette tradition est séculaire depuis la colonisation portugaise au seizième siècle, et les habitants du Brésil ont la plupart du temps deux prénoms et les deux noms de famille de leurs parents. Pour simplifier tout cela, notamment en raison de l’illettrisme, les Brésiliens ont cherché à raccourcir leurs patronymes, quitte à faire d’un surnom d’enfance, un nom utilisé dans la vie de tous les jours.
Pelé! vous connaissez peut-être l’origine du surnom de la plus grande légende du ballon rond. Edson Arantes do Nascimento a d’abord été surnommé « Dico » par sa famille. Mais le petit était fan d’un gardien de but de Vasco de Gama nommé Bilé, et la mauvaise prononciation en Pelé est devenu le propre surnom du jeune prodige.
D’autres grandes gloires brésiliennes étaient appelées par leur surnom, à l’image de Garrincha qui est le nom d’un petit oiseau local ou Tostão qui veut dire petite pièce. Du temps de Pelé, on a surtout des diminutifs de prénom ou des contractions de prénom. On a DIDI qui est prénommé Valdir ; ZITO qui a pour prénom José ou encore VAVA pour Edvaldo et GILARDINO pour « Ger »
On a ensuite eu Zico, le Pelé blanc qui se prénomme Arthur et qui a été surnommé Arthurzinho (le petit Arthur Zico), puis Arthur Zico et enfin Zico.
Dans le même style, Kaka a été surnommé de cette manière car son frère n’arrivait pas à prononcer Ricardo. Et bien sûr, Kaka au Brésil, ça n’a rien de péjoratif…
La professionnalisation du football au Brésil a tué le game des diminutifs et des surnoms chez les footballeurs brésiliens
Depuis, le football au Brésil a évolué et les footballeurs brésiliens ont simplement été appelés par leur premier prénom, à l’image des frères Socrates et Rai, et d’une autre ancienne gloire du Paris SG, Valdo. Neymar da Silva Santos Júnior a quant à lui choisi son prénom Neymar, comme nom de scène…
Petit focus maintenant sur une autre légende du Brésil. Ronaldo El phénoméno, dit aussi R9. Son nom complet Ronaldo Luís Nazário de Lima. Ronaldo s’est d’abord fait appeler Ronaldinho en arrivant en sélection du Brésil, car il y avait déjà un Ronaldo, un défenseur qui a fini par se faire appeler Ronaldao qui veut dire le grand Ronaldo.
Ronaldinho l’ancien parisien, lui, se faisait déjà appeler Ronaldinho quand il était tout petit. Puis il a longtemps été appelé Ronaldinho Gaucho au Brésil pour être différencié de Ronaldo le R9. Ronaldinho est un gaucho car il vient du sud du Brésil, de Porto Alegre.
Intéressons-nous à la génération 1998-2022
Dans cette illustre génération, on retrouve quelques joueurs avec un surnom:
- Cafu fut prénommé Marcos, a repris le surnom de son joueur préféré Cafuringa, qui était un ailier droit.
- Le gardien Dida, prénommé Nelson, a repris le surnom d’un buteur de Flamengo.
- Carlos Duga avec le Duga qui a été également un surnom.
- On a aussi l’illustre Vampeta, prénommé Marcos, qui a carrément fusionner deux mots Vampiro et Kapeta, à savoir vampires et diables pour en faire son blaze.
- Plus récemment, on a eu Hulk, en référence au super héros. Pour être précis, l’attaquant prénommé Givanildo Vieira de Souza ressemblait à l’acteur principal de la série de l’incroyable Hulk.
- On a encore eu Alexandre Pato qui peut se traduire en Alexandre Canard en portugais, mais qui en fait référence à sa ville de naissance, Pato Branco.
La nouvelle génération des footballeurs brésiliens
Aujourd’hui, dans l’équipe nationale du Brésil, rares sont les joueurs aujourd’hui, appelés par leur surnom. Il n’y en a d’ailleurs qu’un à l’heure actuelle, c’est le milieu de l’Olympique Lyonnais (OL), Lucas Paqueta. (qui est le nom de l’île, juste en face de Rio, sur laquelle il a vécu)
Un ancien grand joueur de l’OL, Juninho avait été assez inventif pour trouver son patronyme. Il s’appelle Antônio Augusto Ribeiro Reis Júnior. Le junior est devenu Juninho et il a accolé Pernambucano, en référence à sa région de naissance, le Pernambouc.
En Seleção , on a quelques diminutifs avec Marquinos, Fabinho, Rafinha qui se prénomme respectivement Marcos, Fabio et Rafael.
On a aussi une incorrection. Casemiro s’appelle Carlos Enrique Casimiro. Il se faisait d’abord appeler Carlao. Au centre de formation de Sao Paulo, on l’a appelé par erreur Casemiro et non Casimiro. Ça lui a porté chance et un jour, il a décidé de conserver ce nom inexact.
Et maintenant?
Pour conclure, les joueurs brésiliens ne se font plus appeler par un surnom d’enfance, sauf à de rares exceptions. Et on a de moins en moins de diminutifs. Certains Brésiliens se font appeler par leurs deux prénoms. C’est le cas de Roberto Carlos, qui s’appelle Roberto Carlos Da Silva Rocha. Aujourd’hui, on a David Luiz, Roberto Firmino, Bruno Guimard ou encore Luis Enrique et Jean Lucas qui sont appelés par leurs deux prénoms.
Aussi de nombreux joueurs se font appeler par un prénom et un nom de famille. On en a certains qui choisissent leur premier nom de famille, celui de leur mère comme Daniel Alvès, Philippe Coutinho, Luis Gustavo, Lucas Moura.
Mais ils sont beaucoup à choisir leur deuxième nom de famille, celui de leur père. C’était le cas de Claudio Tafarel, Gilberto Silva, Julio Baptista, Carlos Mozer, Juliano Belletti et c’est le cas aujourd’hui de Thiago Silva, Éder Militão, Gabriel Jésus et Matheus Cunha aujourd’hui.
En définitive, si vous parlez d’un joueur brésilien, respectez-le. Appelez-le par son nom d’artiste complet. C’est une grande tradition au Brésil. Les Brésiliens décident de leur propre patronyme…
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