Premier joueur africain de l’histoire du Paris Saint Germain et premier buteur au Parc des Princes en 1973 – stade mythique du club, l’histoire d’Othniel Dossevi nous décrit le parcours d’un jeune togolais qui voulait servir sa patrie mais est devenu footballeur émerite en France dans les années 60 et 70.
Son histoire
Othniel Dossevi né le 13 Janvier 1947 à Lomé est un togolais naturalisé français. Il jouait pour l’Étoile Filante de Lomé quand ses parents ont été sollicités par l’administration coloniale après l’indépendance du Togo, de ce fait, il a donc dû quitter ses amis et son club à l’âge de 16 ans pour accompagner ses parents en France.
Arrivé en France (Tours), il nourrissait des rêves pour son pays natal et pour l’Afrique. Comme beaucoup de jeunes à l’époque il voyait grand, il voulait devenir professeur tout en s’accrochant à sa passion qui était le football. En parallèle, il jouait pour Tours FC en Championnat de France Amateur, l’équivalent de la Division 3 et s’était inscrit à une classe préparatoire aux grandes écoles à Clermont-Ferrand.
De nos jours, il est inconcevable d’espérer jouer au niveau professionnel et faire des études supérieures en parallèle et Othniel Dossevi lui-même l’a affirmé dans une interview ; «Le football est devenu professionnel de façon exacerbée. Il est désormais impossible de jouer en première division tout en ayant un métier à côté ». Cependant, Othniel l’a fait durant toute sa carrière footballistique. Le matin, il s’entraînait. L’après-midi, il étudiait. Un an seulement après avoir évolué à Tours et à Clermont-Ferrand, Othniel est devenu attaquant au PSG. Toutefois selon lui, il n’était pas venu à Paris pour le PSG mais pour rejoindre une grande école parisienne pour améliorer ses études.
« …si je suis venu à Paris, c’était pour préparer mon agrégation de littérature à la Sorbonne, raconte-t-il. Le football, c’était une passion bien sûr, mais aussi un job d’étudiant »
Une carrière brève
Paris était un environnement idéal pour lui. Il gagnait sa vie avec les primes de matchs et avait droit à une éducation de qualité. Mais ça n’a pas été facile pour lui au club puisqu’il n’a joué que 17 matchs sous le maillot du PSG, il a été victime de la concurrence et aussi d’une règle qui était en vigueur à l’époque. Car si Othniel Dossevi est bel et bien français aujourd’hui, il ne l’était pas en 1973 ainsi, compte tenu de la règle qui stipulait qu’il ne pouvait y avoir que deux étrangers alignés sur le terrain, il a dû céder sa place à des joueurs plus performants.
Malgré son court séjour là-bas, il ne fait aucun doute qu’Othniel Dossevi a marqué l’histoire du PSG. Et après trois saisons au club et un passage chez le Paris FC voisin (1975-1977), il raccroche définitivement les crampons au ASC Jeanne d’Arc à Dakar pour ensuite se consacrer pleinement dans l’enseignement au lycée Camille Jullian de Bordeaux jusqu’en 2013 où il était professeur de latin, grec, français et de littérature.
Un goût pourtant amère
En fin de compte l’histoire de l’illustre Othniel Dossevi est une histoire triste car il n’a pas pu retourner au pays. Lui qui avait l’ambition de servir le Togo et l’Afrique toute entière. C’est un grand regret pour lui et on le constate dans ses mots ; « J’avais pour ambition de servir le Togo. Ce n’est pas en devenant footballeur que j’aurai pu aider mon pays. Même si aujourd’hui, le football contribue à servir l’Afrique, à l’époque, l’Afrique avait besoin de médecins et professeurs, pas de footballeurs ; mais la France a placé des dictateurs à la tête des pays africains après la décolonisation. Il m’était donc impossible de retourner là-bas. Aujourd’hui, il y a plus de médecins et professeurs togolais en France qu’au Togo… »
Cependant, il faut tout de même saluer le parcours de ce grand homme qui n’a pas entièrement réalisé ses rêves mais qui a quand même travaillé pour les atteindre et écrire quelque chose d’inoubliable dans les livres d’un grand club comme le PSG.