En 2006, le Togo a participé à sa toute première et unique à ce jour, Coupe du monde. Si les résultats décevants obtenus à cette coupe du monde, ne sont un secret pour personne, il en est autrement des phases de qualifications pour ladite Coupe. Ces qualifications auront offert au peuple togolais et à son football, leurs plus belles années ensemble. Suivez le guide, nous vous faisons remonter le temps et vous emmenons dans une balade à travers le football togolais de 2004 à 2006. Vous comprendrez pourquoi les noms de Daré, Romao, Agassa, Abalo, Akoto, Sénaya, Améwou, Kader sont devenus légendaires.
Des débuts compliqués
Tout commence avec les rencontres du Togo contre la Guinée équatoriale pour la première phase de qualification au mondial 2006. Tenons-nous bien, ces rencontres n’avaient rien présagé de grandiose. Des victoires 1-0 et 2-0 à l’arraché. Le Togo s’est en plus fait très très peur durant ces deux rencontres. Rien de rassurant pour le public. Et les craintes se confirmeront dès le premier match du deuxième tour de qualification.
C’était une équipe Togolaise conduite par Stephen Keshi qui participa aux phases éliminatoires dans un groupe composé d’u grand favori : le Sénégal. En somme, le groupe était constitué du Togo, du Sénégal, du Liberia, de la Zambie, du Congo et du Mali. La loi du plus fort s’appliquerait bien ici, toutes les têtes sont bonnes à abattre pour obtenir le billet du mondial qui était unique pour le groupe.
Et à e petit jeu, le Togo va très mal débuter avec une défaite 1-0 en Zambie. A ce moment là, les supporters commençaient déjà à perdre espoir et le doute s’installait avant la périlleuse réception du Sénégal.
Le déclic
Il faut avouer que les sénégalais faisaient peur, eux qui ont réussi à battre la France à la coupe du monde 2002 (hum c’est un bon sujet ça, on vous racontera cela prochainement). Avec des joueurs comme Tony Sylva, Habib Beye, Mamadou Niang, El Hadj Diouf ou encore Henry Camara, le Sénégal battait déjà le Congo 2-0 en ouverture. Logiquement, le Togo était donné perdant.
Mais à la surprise générale, les hommes de Stephen Keshi vont réussir l’impensable. C’est un Stade de Kégué en ébullition qui a assisté à la victoire 3-1 du Togo contre le Sénégal avec un but de Shéyi et un doublé de Sénaya Junior. Le déclic a eu lieu. Les supporters togolais se sont alors mis à y croire, les Éperviers étaient sur un nuage et ne vont pratiquement plus en redescendre. A partir de ce 20 Juin 2004, l’équipe nationale va devenir l’amour de la vie de presque tous les togolais. Car après cela, les beaux moments vont s’enchaîner grâce à un Adébayor et un Agassa en feu.
Le Togo accrochera d’abord un nul 0 but partout au Libéria avant d’aligner 4 victoires consécutives. 2-0 contre le Congo, 1-0 contre le Mali, 1-2 à l’extérieur contre ce même Mali et une revanche 4-1 contre la Zambie. Le train était en marche et rien ne semblait pouvoir l’arrêter.
La dernière ligne droite
Rien si ce n’est peut-être le Sénégal. Eh oui, la bande à Mamadou Niang revenait se mettre en travers du chemin des Eperviers. Un déplacement au Stade Léopold Sédar Senghor de Dakar où les Lions de la Téranga étaient quasi imbattables et sortaient d’un carton 6-1 contre le Libéria. Ils voulaient en plus prendre leur revanche. C’était une grande montagne que le Togo devait à tout prix franchir pour conserver la tête du groupe.
Cependant, les Eperviers ne vont pas s’effondrer lors de ce grand rendez-vous. Ils ouvrent même le score sur un but d’Oloufadé dès la 11è minute de jeu. Bonheur immense à Lomé où tous les postes radios étaient allumés même jusque dans les villages. Bonheur qui ne va durer que 3 minutes. Temps qu’il aura fallu à Mamadou Niang pour égaliser. Puis peu avant la mi-temps, c’est Henry Camara qui viendra plonger les togolais dans le doute avec le deuxième but. Fin de nos espoirs ? Eh bien non.
En deuxième mi-temps, les Eperviers ne vont pas s’effondrer. Dans une rencontre disputée, ils se battent pour finalement arracher l’égalisation grâce à l’incontournable Adebayor à la 70e minute. Le reste sera une leçon de survie. Défendre ce match nul corps et âme, les togolais vont le réussir grâce au rassurant Nibombé Daré et à la muraille Abalo Dosseh. Tous les supporters à Lomé retenaient leur souffle jusqu’à ce que l’arbitre siffle la fin du match. Délivrance, le Togo a résisté et s’offre le droit d’être maître de son destin avec deux matchs restants au compteur.
Terminer le travail en beauté
Avec deux points d’avance sur le Sénégal et deux matchs restants, la donne est simple, il faut gagner pour ne pas avoir à compter sur un faux pas du Sénégal. Cela, il ne faut pas le répéter à Keshi deux fois. Contre le Libéria, victoire sans bavures 3-0. Le Togo était prêt à en découdre pour la dernière journée contre Congo. Mais problème, le match avait lieu au Stade Alphonse Massamba-Débat de Brazaville. Dans une ambiance hostile, le Togo saura-t-il gérer la pression? Telle était la question.
Des montagnes russes d’émotions
Mais comme nous vous l’avions dit, le Togo était sur un nuage que rien ni personne ne pouvait ébranler. Menés 2-1 à la 60è minute avec encore un but de Shéyi, le Togo était en très mauvaise posture. Pire encore, le Sénégal au même moment mène déjà 2-0 contre le Mali. C’est le moment que va choisir Cougbadja Kader pour endosser son costume de sauveur. Il égalise à cette 60è minute. Cris de joie à Lomé pendant quelques minutes. Tout le monde cherche le score du Sénégal pour voir si le Mali réalise l’exploit, et boom Camara marque le troisième but sénégalais. A ce moment le Sénégal est qualifié avec le même nombre de points (21) que le Togo mais +13 au goal average contre +11 pour le Togo.
A ce moment ce sont les sénégalais qui sont en joie dans les rues de Dakar. Et là reboom, la joie change à nouveau de camp quand Kader marque le but du 3-2 pour le Togo à la 70e minute. Maintenant il s’agit de tenir.
Les plus mystiques d’entre nous ont témoigné avoir vu les combats spirituels entre marabouts sénégalais et togolais jusqu’à la fin du match du Togo. Finalement les Eperviers ont tenu bon et ont alors obtenu ce 08 octobre 2005, la qualification pour la Coupe du monde 2006 en Allemagne. Le Lundi 10 octobre a même été décrété jour férié par le président pour que la fête soit des plus belles.
Un bilan énorme
7 victoires, 2 nuls, 1 défaite. Que des victoires au Stade de Kégué. La terre de nos aïeux se qualifiait devant le Sénégal pour la coupe du monde 2006 avec 20 buts à son actif dont onze marqués par l’incontournable Sheyi Emmanuel Adebayor. Cet exploit lui octroyait le titre de meilleur buteur dans la zone Afrique pour ces dix rencontres lors de cette phase. Vous imaginez ? Une moyenne d’un peu plus d’un but par match très précieuse pour notre qualification. Shéyi forgeait sa légende. Le Togo avec son voisin le Ghana, la Côte d’Ivoire et l’Angola participaient pour la première fois de leur histoire à la coupe du monde.
Ces résultats laissent évidemment derrière un public Togolais agité, surexcité, n’en pouvant plus de sa joie. Convenons tous ensemble que ce genre d’événements est si unique, et si rare pour le peuple Togolais qu’il devient fou de joie.
Dans tout cet émoustillement s’inscrivait la création d’un concept et la révélation de futures stars de la chanson Togolaise. Pour entretenir toute cette célébration, le groupe Toofan créa les chansons ‘’Ogbragada’’ et ‘’2006’’.
Que de frissons à l’entente de ces chansons où on élève nos joueurs, où on les qualifie comme étant les meilleurs. Chansons où se reflétait l’optimisme de toute une patrie répétant le refrain ‘’Eperviers oh, Eperviers eh, éperviers oh on va gagner le match oh’’. Grands parents, tous petits, jeunes, mamans tout le monde se prêtait au jeu. Tous étaient enchantés, enjaillés en bougeant leurs corps répétant les noms d’Adébayor, Agassa Kossi, Olufade suivi d’un ‘’Ogbragada’’ voulant dire ‘’aujourd’hui je suis en pleine forme’’. Des images montrant la joie de Togolais pouvant tomber d’un arbre à la suite d’un but marqué par son équipe. Que de beaux souvenirs et émotions pour tout Togolais.
Le retour sur terre
Toutefois, les montagnes russes ne sont pas méconnues de ce même peuple qui est également habitué à la déception. En effet, en 2006 se déroulait la Coupe d’Afrique des Nations où cette même équipe Togolaise était censée garder la face jusqu’au mondial. Hélas, lors de cette compétition en Egypte, sur trois rencontres le Togo récolta trois défaites avec deux buts marqués en tout et sept buts encaissés.
Notre pays n’était pas au mieux de sa forme, tant en interne qu’en externe. Les conflits internes notamment une altercation entre Sheyi et Keshi ayant même entraîné le départ de l’entraîneur y étaient pour beaucoup. Keshi aura offert un beau parcours inoubliable à cette équipe. Il a mené d’une main de maître ces phases éliminatoires et ses réalisations sont à saluer !
Un mondial qui ne rentrera pas dans la légende
C’était une équipe à cent jours de la compétition que l’entraîneur Allemand Otto Pfister retrouva. N’étant pas à sa première expérience de coaching d’une équipe africaine, il a pris le train en marche mais a pu s’ajuster.
Le moment tant attendu et redouté arriva, des prestations devant des milliers de spectateurs et tout un pays en suspense. Beaucoup de pression pour l’équipe Togolaise qui se retrouve avec les grands. Je cite la France, la Suisse, la Corée du Sud.
Nos Éperviers s’envolèrent pour l’Allemagne pour cet événement majestueux. Qu’est ce qui les attend en terre inconnue ? Un froid glacial, de la varicelle en plus de petits conflits internes financiers à nouveau telle une plaie ulcéreuse.
C’est avec une formation incluant les attaquants comme Emmanuel Adebayor, Toure Kader Cougbadja, Robert Malm, AdekanmiOlufade, Cherif Touré que Otto Pfister alla à cette compétition qui débuta le 13 Juin 2006 avec comme adversaire la Corée du Sud. Le Togo ne put marquer qu’un seul but grâce à Kader Cougbadja mais insuffisante contre les deux buts de son adversaire.
Pourtant, ce sera le seul but de l’histoire de la coupe du monde que le Togo marquera car les prochaines rencontres avec la France puis la Suisse se solderont d’une défaite de deux buts à zéro les deux fois.
Le peuple Togolais aura choisi la bonne tactique, celle qui est de célébrer les victoires de l’instant en profitant des phases éliminatoires car des victoires il n’y en a plus eu.
L’objectif de l’équipe était de se donner du plaisir et d’en donner aux familles. Ce fut fait.
La seule victoire restante reste la participation à cette coupe du monde 2006 en Allemagne, ce but mémorable de Kader avec une célébration devenue iconique qui permettent de raconter plusieurs années après les exploits passés.
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