Kodjovi Dodji Obilalé est un ancien gardien de but de l’équipe nationale Togolaise qui a inopportunément eu une carrière limitée.
Il est né le 8 Octobre 1984 à Lomé. A 17 ans, il faisait déjà ses débuts en France dans le club Chamois Niortais puis au FC Lorient. Au Togo, il a évolué dans l’équipe Etoile Filante de Lomé de 2003 à 2006 et dans l’équipe nationale.
Pour le 228, Obilalé était le prochain Agassa Kossi. Il avait des compétences prometteuses pour prendre la relève dans l’équipe Togolaise et suscitait beaucoup d’espoir. Il a participé à la CAN 2006 ainsi qu’à la coupe du monde 2006 avec le Togo comme gardien remplaçant mais, un pur bonheur pour lui d’avoir frôlé de si près le goal lors de cette compétition. Il a vécu à fond cette expérience avec ses coéquipiers sur le terrain.
De 2006-2008, il a évolué à nouveau en France au ES Quéven puis au FC Pontivy de 2008 à 2010.
« Un destin prometteur foudroyé »
Toute sa vie le drame lui collera à la peau. Obilalé avait une nouvelle opportunité de participer au premier tour de la CAN 2010 en Angola avec la sélection togolaise. Par malheur, la Fédération Togolaise de Football fait voyager l’équipe en bus contrairement aux recommandations de la CAF.
En un seul jour, le 8 Janvier 2010 tout bascule. Après avoir traversé la frontière du Congo, la voiture transportant les joueurs fut mitraillée avec des fusils d’assaut dans l’enclave de Cabinda par le ‘’Front de Libération de cette Enclave’’. Bilan deux morts (le chargé de communication Stanislas Ocloo et l’entraîneur Adjoint Abalo Amelété) et plusieurs blessés. Obilalé sera celui qui subira des séquelles à vie.
Ce jour-là, il reçut une balle à l’abdomen et dans le bas du dos. Il fut rapidement transféré en Afrique du sud où il fut opéré à l’hôpital de Milpark à Johannesburg. Il passa deux jours dans le coma avant de se réveiller. Un coup dur pour lui footballeur, de se réveiller et de ne plus sentir ses jambes. Il n’avait que 26 ans…
Durant son séjour il aura eu à son chevet sa femme et ses 2 enfants. « Il aurait même reçu la visite de Winnie Mandela et de Rama Yade venus apporter leur soutien à tout le Togo».
« Une vie de mort-vivant »
Suite à plusieurs bras de fer, et après deux mois passés en Afrique du Sud, Obilalé réussit à rentrer en France grâce à la Fédération française de football.
Il intégrera le centre de rééducation de Kerpape pour se remettre d’aplomb. Mais cela n’était point facile. Obilalé ne marchait plus, sa carrière de football était foutue à jamais, il était en chaise roulante, dépendant des autres, devant se battre pour être indemnisé pour son accident.
Mais entre douleurs physiques, chômage, difficultés financières, handicap Dodo a été plus d’une fois à un doigt de craquer, d’abandonner. Mais il se devait de se relever, d’avoir la tête haute pour ses enfants.
Son exutoire fut l’écriture, il accoucha tout son désespoir, dans un livre intitulé ‘’Un destin foudroyé’’ où il exprimait que « suite à l’attentat, pendant des mois, j’ai éprouvé la sensation d’être un mort-vivant. Un intense sentiment de vide et d’inutilité ».
Il ne se laissa pas démonter grâce au soutien de son ancien coach de Lorient, de ses proches au centre de rééducation et de quelques proches footballeurs qui ne l’avaient pas oublié.
Reconversion
Piano piano, Obilalé subira à nouveau une autre opération et grâce à la rééducation sortira de sa chaise roulante pour tenter la marche avec des béquilles. Il aura reçu un soutien indéfectible de Samuel Eto’o, et d’autres collègues footballeurs pour surmonter cette période de crise.
Un nouveau souffle qui lui permet de reprendre la lutte, de retrouver un nouvel objectif, un autre projet de vie.
Soutenu par un syndicat de footballeurs Français, « l’Union Nationale des footballeurs professionnels », il devient alors éducateur spécialisé pour l’association « Remise en jeu » qui a pour but « d’aider des jeunes déscolarisés ou en grande difficulté sociale pour avoir une nouvelle chance dans leur vie ». Dodo devient pour ces jeunes un modèle vivant de combativité et il prend son rôle très à cœur au point de nourrir l’envie de créer lui-même une association pour les sportifs ayant le même vécu que lui selon ses propos lors d’une interview avec la BBC.
Au-delà, un autre projet qui lui tiendra à cœur : l’agriculture. Il créera le concept ‘’Agrofoot’’ pour inciter à l’investissement dans l‘agriculture locale. Un projet qui bénéficiera de l’appui de la CAF.
Gratification
Malgré les sanctions de la CAF contre les Eperviers après le drame, malgré les polémiques Obilalé ne fut pas oublié ad vitam internam.
Lors de la CAF Awards 2019, devant toute l’Afrique, devant le monde entier, la CAF honore Kodjovi Dodji Obilalé âgé de 35 ans avec un prix Spécial de reconnaissance pour son courage lors d’une cérémonie solennelle.
