Vu du hublot d’un avion, le stade d’Olembé, situé à la sortie nord de Yaoundé la capitale camerounaise, resplendit et révèle tout son majestueux charme sous l’effet de la lumière nocturne. Mais sous les rayons diurnes du soleil le jour, cette splendeur est édulcorée dans un décor de chantier où résonnent encore des coups de marteau, où des vrombissements d’engins de génie civil se font encore persiflant, et où les ouvriers s’adonnent encore aux derniers réglages.
C’est qu’en effet, les travaux de revêtement du sol se poursuivent aux abords de cette cuvette recouverte d’écailles de pangolin, au-delà du deadline du 30 novembre 2021 avancé par les autorités camerounaises pour la livraison du chantier, pour tenter de mettre le stade définitivement sur son trente-et-un.
L’infrastructure de 60 000 places a été retenue pour accueillir le match d’ouverture de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de football 2021, dont le coup d’envoi sera donné le 9 janvier prochain. Une trentaine de jours seulement marque au compte à rebours, le chantier n’est pas livré et la polémique enfle sur sa capacité à accueillir ce match d’ouverture. La Confédération Africaine de Football (CAF) joue la carte de la prudence. Elle a même évoqué récemment l’option d’une délocalisation du match d’ouverture vers un autre site, pour éviter toute surprise désagréable. Les supputations sont tellement nourries que cette semaine, un média égyptien s’est laissé aller dans des élucubrations prédictives, embarquant avec lui les exégètes du Cameroun, arguant que la CAN sera de nouveau retiré au Cameroun, et que la CAF envisage de la délocaliser dans le Golfe. Mais l’instance du football africain a très vite battu en brèche cette hérésie.
À Yaoundé, les autorités camerounaises quant à elles, bien qu’engagées dans une course contre la montre, affichent un optimisme béat. Elles se convainquent, cachées derrière une maxime bien populaire au Cameroun, qu’« impossible n’est pas Camerounais » ! Bref que le stade sera prêt, et que le Chef de l’État Paul Biya, présidera bel et bien le match d’ouverture dans ce joyau que ses laudateurs ont tôt fait de rebaptiser en son nom.
Ce stade apparait au fil du temps comme une tâche noire et tend à rabaisser le niveau des préparatifs de ce tournoi. Au point d’occulter tous les autres aspects organisationnels déjà (presque) à point. En dépit du standing futuriste qu’il dégage, il demeure un caillou dans la chaussure du comité local d’organisation, un vrai casse-tête chinois. Et dire qu’il y a 12 ans, a eu lieu la pose de la première pierre de ce stade, qui n’est en réalité qu’une des composantes du complexe sportif envisagé sur le site. Il s’inscrit dans la liste des chantiers aux délais surérogatoires du pays.